Un président en exil, des militaires qui affirment avoir pris le pouvoir... La grande île de Madagascar traverse une crise politique majeure. Depuis le 25 septembre dernier, le pays a connu de larges manifestations : d'abord pour dénoncer les coupures quotidiennes d'eau et d'électricité, puis ensuite pour réclamer le départ du chef de l'Etat. Le mouvement, violemment réprimé, s'est mué en contestation générale si bien qu'une partie des militaires s'est ralliée à la population. Ce mardi 14 octobre, le président désormais en exil, avait publié sur Facebook un décret pour dissoudre le Parlement. En vain puisque quelques heures plus tard seulement, l'unité militaire du Capsat annonçait sa prise de pouvoir… Les coups d'Etat ne sont pas inconnus à Madagascar, l'actuel président Andry Rajoelina ayant lui-même été porté à la tête de l'Etat par l'armée en 2009... Dans ce contexte extrêmement fébrile et incertain, que faut-il comprendre de cette grogne populaire et de ces mouvements au sommet de l'Etat ? Entretien avec Jean du Bois de Gaudusson, professeur émérite de l'université de Bordeaux et ancien enseignant de l'université de Madagascar, spécialiste droit public et sciences politiques. Il répond aux questions de Lina Taghy.